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Maîtriser l'Intelligence Émotionnelle : Le Secret d'une Cybersécurité Résiliente et Innovante

Maîtriser l'Intelligence Émotionnelle : Le Secret d'une Cybersécurité Résiliente et Innovante

Illustration by ChatGPT

Dans un monde numérique où les menaces évoluent à une vitesse vertigineuse, la cybersécurité ne se limite plus à la seule maîtrise des technologies. Les qualités humaines, en particulier l'intelligence émotionnelle, émergent comme des piliers cruciaux pour anticiper, comprendre et contrer efficacement ces menaces. Mon article, inspiré notamment du dernier Harvard Business Review Hors-Série¹ et d'autres sources et témoignages d'experts, explore comment les compétences émotionnelles telles que la pleine conscience, le bonheur, l'empathie et la résilience peuvent transformer les stratégies de cybersécurité, en offrant des approches innovantes et adaptatives pour protéger nos espaces numériques.

Quelques définitions de l'Intelligence Émotionnelle

Les quatres branches de l'intelligence émotionnelle, par Salovey et Mayer ²

En 1990, les psychologues et chercheurs Peter Salovey et John Mayer posent les bases de l’intelligence émotionnelle, et la définissent comme « une aptitude dont la fonction est de gérer ses sensations et ses émotions, ainsi que celles d’autrui, de les différencier les unes des autres et d’utiliser cette information pour guider ses pensées et ses actions ² ». Cette intelligence émotionnelle se compose de quatre branches, que sont :

1 – La perception de ses propres émotions et de celles d’autrui. C’est la capacité d’identifier les émotions à travers leur expression physique (visage, discours…) et dans les productions humaines (musique, écriture, art,…).

2 – L’utilisation des émotions au sein de l’activité de pensée. Le rôle de cette aptitude est d’utiliser les émotions pour se motiver, stimuler ses performances intellectuelles et créer.

3 – La compréhension des émotions. Il s’agit d’identifier les conditions d’émergence et de changement des émotions.

4 – La régulation des émotions. Cette aptitude a pour fonction de contrôler l’intensité et la persistance des émotions, et d’agir dans le but de favoriser leur apparition ou leur évitement.

Vous retrouverez ci-dessous les composantes de chacune des quatre branches du modèle, remis à jour par ces mêmes auteurs en 2016 :

Les quatre branches du modèle d'Intelligence Artificielle de Salovey et Mayer, mis à jour en 2016
Les quatre branches du modèle d'Intelligence Émotionnelle de Salovey et Mayer, mis à jour en 2016

Les cinq niveaux de la maturité émotionnelle de Coelho

Cyrille Coelho, spécialiste du facteur émotionnel dans la cybersécurité² définit la maturité émotionnelle en cinq étapes, qui sont à mettre en relation avec la construction de l’individu :

  • Étape 0 : le déni de ses émotions
    Je crois que je contrôle tout par la volonté et je refoule mes émotions. Pas besoin du système émotionnel. C’est notamment le cas des très jeunes enfants qui ont une immaturité émotionnelle.
  • Étape 1 : la conscience de soi
    J’ai la capacité d’identifier mes émotions, les nommer, à reconnaitre leur influence.
  • Étape 2 : La maîtrise de soi
    Je canalise mes émotions et m’adapte aux situations
  • Étape 3 :  La conscience de l’autre
    J’englobe la capacité à détecter et comprendre les émotions d’autrui et à agir en conséquence.
  • Étape 4 : La maturité sociale
    J’ai la capacité de résoudre les conflits, inspirer et influencer les autres pour favoriser leur développement.

Pour l’auteur, tout l’enjeu est de mieux nous comprendre, et mieux comprendre l’attaquant afin de gravir les échelons de la maturité émotionnelle, nécessaire pour développer une cyber-résilience puissante au sein des organisations.

Intéressons-nous maintenant aux notions qui peuvent aider les individus et les organisations à travailler leurs compétences émotionnelles et ainsi améliorer leur maturité émotionnelle, au travers de la pleine conscience, de la prise en compte du bonheur, de l’empathie et de la résilience.

I. La pleine conscience consiste à remarquer activement des choses nouvelles

Ellen Langer, à travers ses recherches sur la pleine conscience, nous invite à observer de manière pro-active le monde qui nous entoure. Le fait d’être plus présent et sensible à l’environnement peut réduire notre stress, stimuler notre créativité et améliorer nos performances. Langer souligne l’importance de la pleine conscience dans la gestion et le leadership, particulièrement dans le monde chaotique que nous connaissons, en remettant en question les approches routinières et en promouvant l’adaptabilité et l’innovation.

Quelle application de la pleine conscience dans le domaine de la cybersécurité

Dans le domaine de la cybersécurité, l’approche de Langer sur la pleine conscience peut être extrêmement bénéfique pour améliorer la résilience des individus et des organisations face aux menaces. En encourageant une présence active et une réflexion constante sur les pratiques en place, les cyber-défenseurs peuvent mieux identifier et réagir aux nouvelles menaces (de phishing, ou lors d’une attaque via de l’ingénierie sociale). Cette approche peut contribuer à faire évoluer les stratégies de sécurité en les rendant plus efficaces contre des attaques sophistiquées et en constante évolution. La pleine conscience peut également aider à cultiver une culture de sécurité où chaque membre de l’organisation est plus engagé et conscient de l’importance de son rôle dans la protection des actifs numériques, contribuant ainsi à une posture de sécurité globale plus robuste. Si vous sentez que vos émotions vous débordent, il peut être par exemple opportun d’aller prendre un café ou prendre l’air avant toute prise de décision.

II. Le bonheur au travail

Relever des défis nous rend plus heureux

La question du bonheur est devenue depuis deux décennies un sujet de recherche trans-disciplinaire qui n’est plus seulement limité à la philosophie: Les psychologues s’intéressent aux émotions et cherchent à comprendre ce que ressentent les gens, les économistes veulent savoir ce à quoi ils accordent de la valeur, et les neuroscientifiques veulent connaître la manière dont le cerveau réagit aux récompenses.

D’après Daniel Todd Gilbert, expert en psychologie du bonheur, les individus ne sont pas très doués pour prédire ce qui les rendra heureux et combien de temps ce bonheur durera. Gagner ou perdre une élection, trouver ou perdre un partenaire sentimental obtenir une promotion ou non, réussir un examen ou non sont autant de choses ayant un impact sur le bonheur moins important que ne l’imaginent les individus.

Le psychologue Ed Diener démontre que la fréquence de nos expériences positives constitue un bien meilleur indicateur de notre bonheur que leur intensité. En d’autre terme, une personne à qui il arrive chaque jour une douzaine de choses plutôt agréables (faire un gros bisou à ses enfants, porter des chaussures confortables, etc…) a des chances d’être plus heureuse qu’une autre à qui il n’arrive qu’une chose réellement formidable (gagner à un jeu de loterie…).

Un esprit concentré est un esprit heureux #matthew Killingsworth
Être heureux au travail pourrait dépendre plus de ce que nous vivons à tel ou tel moment - nos interactions de routine avec nos collègues, les projets dans lesquels nous sommes impliqués, nos contributions au quotidien - que des conditions stables censées favoriser le bonheur, comme un salaire élevé ou un titre prestigieux @Matthew Killingsworth.

Le stress peut être source de bonheur

Le stress est un facteur central qui contribue au bonheur des individus au travail. Oui, le stress peut avoir du bon. Crum, Salovy et Achor en 2013 ont démontré que l’attitude que l’on porte à l’égard du stress peut changer de façon radicale la manière dont il nous affecte, en détaillant la manière dont il peut être bénéfique pour l’esprit et le corps humain.

Ce n’est pas tout, une autre étude, menée auprès de 1648 étudiants d’Harvard, a démontré que le soutien social était le principal indicateur du bonheur pendant les périodes de stress intense. Et ce, que vous fournissiez ce soutient social ou que vous le receviez, ces deux types d’interactions étaient bénéfiques.

Maitriser les facteurs de stress pour revenir vers un état d'esprit positif

 La prochaine fois que vous vous sentirez dépassé dans votre SOC, essayez cet exercice : dressez la liste des facteurs de stress que vous subissez (ils seront probablement nombreux ! ). Classez-les selon deux groupes – ceux que vous pouvez contrôler (comme un projet – une mise à jour du PCA, une formation cyber, ou votre boite de réception d’e-mails) et ceux que vous ne pouvez pas contrôler (l’heure de la prochaine attaque cyber !). Choisissez un facteur de stress que vous pouvez contrôler et identifiez une petite mesure concrète que vous pouvez entreprendre pour le réduire. Ainsi, vous pourrez encourager votre cerveau à revenir à un état d’esprit positif – et productif.

Et n’oubliez pas de développer votre sociabilité, en proposant par exemple à vos collègues de venir déjeuner avec vous, en organisant des activités au travail, et à sourire et dire bonjour en regardant droit dans les yeux toute personne que vous croiserez en allant à la machine à café !

Du plaisir, du bonheur et de la joie

Pour Frédéric Lenoir, la joie est l’expérience la plus forte et l’émotion la plus positive que peut connaître un être humain¹. Pour Spinoza, les joies les plus grandes nous font goûter l’éternité.

Le bonheur est d’avantage une harmonie et un équilibre, lié aux choix que l’on a fait. C’est un état d’être durable et global, qui se construit. L’idéal est d’avoir un bonheur construit sur la joie, qui est souvent le fruit d’un long travail sur soi pour se libérer de tous les obstacles.

Le plaisir est facile, accessible à tous. C’est expérience qui demande le moins d’effort. Lié à une stimulation extérieure, il disparait lorsque celle-ci disparait. Comme la joie, le plaisir est une émotion qui ne dure pas forcement.

Avec un peu d’humour, nous pourrions dire que dans le secteur de la cybersécurité, le plaisir consisterait à mettre à jour son antivirus, la joie serait d’avoir identifié par quel moyen le hackeur aurait pénétrer le système et le bonheur, être confiant dans sa capacité de résistance et de résilience au travers une préparation adaptée et des PRA / PCA à jour 🙂

Est-il possible de ressentir du bonheur lors d'une gestion de crise cyber ?

Daniel Todd Gilbert mentionne que très peu d’expériences nous affectent pendant plus de trois mois. Nous faisons preuve d’une capacité remarquable à nous accommoder de chaque situation. La plupart des individus sont dotés de plus de résilience qu’ils n’en ont conscience. Pensez-y la prochaine fois que vous aurez à gérer une attaque cyber !

Si vous gérez une équipe d’experts cybersécurité lors d’une attaque, pensez au fait que les personnes s’épanouissent lorsqu’elles sont mises au défi, mais s’étiolent si on les menace. A la place de « je veux ce rapport final sur cette attaque dans les 24h », préférez « je ne pense pas que tout le monde aurait la capacité de finaliser ce rapport cyber d’ici à vendredi. Mais j’ai confiance en vous et je pense que vous y parviendrez. C’est très important pour toute l’équipe. »

Lors de la réponse à une attaque, essayez d’analyser les petites expériences positives qui ponctuent la journée stressante (identifier des traces de compromission, analyser des logs intéressants, sentir la confiance du management dans la gestion de la crise, sentir l’esprit d’équipe et la solidarité des collègues analystes…) et ne pas seulement attendre le moment ou le SI sera de retour à la normale, ce qui pourrait prendre des semaines voir des mois !

III. L' empathie, à travers les neurosciences et la psychologie du développement

Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie – et que j’ai l’immense privilège d’avoir en tant qu’intervenant dans mon MBA Cybersécurité – identifie trois grandes fenêtres d’opportunité (moments de développement pendant lesquels une faculté s’installe avec beaucoup de facilité) dans la construction de l’empathie pour soi et pour autui¹¹:

  1. l’empathie émotionnelle, qui arrive entre 1 et 3 ans, est la première composante de l’empathie, c’est la capacité d’identifier ses propres émotions (joie, colère, honte…) et l’état émotionnel d’autrui. C’est le moment ou l’enfant apprivoise le visage de l’autre comme repère de communication, ou il comprend la signification de ses mimiques (manquer cette fenêtre peut entrainer des difficultés à identifier des émotions sur un visage, et un repli sur soi et de l’agressivité). Plus nous comprenons et acceptons nos émotions, plus nous comprenons et acceptons les émotions d’autrui.
  2. l’empathie cognitive, se construit à partir de 4,5 ans, et est la capacité de comprendre son fonctionnement et le fonctionnement mental d’autrui. L’enfant va être capable de comprendre que l’autre a une représentation du monde différente de la sienne parce qu’il a une expérience du monde différente de la sienne (Tisseron nous raconte l’expérience de la « boite de bonbon » réalisée avec des enfants et dans laquelle on remplace les bonbons par des bouts de papiers). Seuls les enfants âgés de +4,5 ans comprennent que des personnes extérieures à l’expérience penseront qu’il s’agit d’une boite contenant des bonbons. Les enfants plus jeunes penseront que leur expérience sera partagée par les adultes, c’est à dire qu’ils sauront que la boite contient des bouts de papier).
  3. L’empathie complète est la troisième composante de l’empathie et arrive entre 8 et 12 ans. C’est la capacité de comprendre nos propres points de vue intérieurs pour pouvoir ensuite se mettre émotionnellement à la place d’autrui, et pas seulement intellectuellement. Elle doit être travaillée car se développe peu naturellement. Il faut, enfin, tout au long de sa vie, travailler la réciprocité et éviter de réduire l’empathie au seul biais de familiarité qui peut nous emmener contre le sens moral (voir l’expérience avec les bébés de Paul Bloom).

Empathie artificielle et nouvelles technologies

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Contrairement aux animaux, dont certains ont fait preuve d’une empathie complète (comme le singe bonobo qui peut identifier la souffrance d’un congénère, en comprendre la raison et se mettre émotionnellement à sa place), un robot n’en a aucune. Mais le risque tient du fait que les robots ont une capacité de plus en plus grande à la simuler. Or, l’être humain a été programmé par l’évolution pour interagir avec son environnement sur le mode de projection de ses émotions et de ses pensées ainsi que par la construction d’une réciprocité possible. Ainsi, nous avons tendance à prêter aux robots des émotions et des pensées qu’ils n’ont pas. Une fragilité humaine que certains concepteurs de robots ne manqueront probablement pas d’exploiter.

D’autres risques pourraient également survenir si les robots venaient à devenir trop empathiques. Le premier est d’un point de vue de la confidentialité des données (domaine qui m’est cher), en oubliant qu’ils sont programmés et connectés à un serveur central. Le deuxième est d’éprouver des sentiments humains vis-à-vis de lui comme avec le robot phoque paro. Le troisième est de finir par préférer les machines aux humains, comme dans le film « her ».

Contrôler les limites de l'empathie

Tout comme les tâches cognitives lourdes, consistant à garder de nombreuses informations en tête à un moment donné ou à éviter les facteurs de distraction dans un environnement animé, l’empathie entame nos ressources mentales. De plus, l’empathie ne se contente pas de puiser dans l’énergie et les ressources cognitives – elle se consume elle aussi. Plus je consacre d’empathie à telle ou telle personne, moins il m’en reste pour les autres.

L’empathie préférentielle est le fait d’accorder naturellement plus de temps et d’efforts à chercher à comprendre les besoins d’une certaine partie de notre réseau (amis proches, famille, collègues…) au détriment d’un autre groupe (personne extérieure..). Cela peut devenir une source d’hostilité pour ceux qui nous voient ainsi protéger les nôtres, voir même entrainer une forme d’agression de la part des personnes appartenant à notre premier cercle envers celles de l’extérieur.

Dans le milieu professionnel, et à fortiori dans les espaces ou le stress est élevé, accorder des pauses et des temps morts semblent être bénéfiques pour recharger les batteries de l’empathie.

Ci-dessus, un pod isolant de la société Orrb Technologie, permettant aux individus de s'isoler pour se ressourcer. A mettre dans toutes les salles de gestion de crise? 😉

L' empathie pour favoriser une culture de la cybersécurité

L’empathie peut permettre d’améliorer la compréhension des risques, renforcer les mesures de protection et favoriser une culture de sécurité plus réactive. Voici quelques recommandations pour favoriser une culture de la cybersécurité au travers de la compétence d’empathie :

1. Répartir les responsabilités d’empathie

  • Spécialisation des rôles : Assigner des équipes ou des individus à se concentrer spécifiquement sur les besoins et les perspectives de différents groupes d’utilisateurs, tels que les employés, les clients ou les partenaires externes. Cela permettrait une meilleure anticipation des menaces et des comportements à risque spécifiques à chaque groupe.
  • Collaboration interdépartementale : Encourager la collaboration entre les équipes de cybersécurité et d’autres départements, comme les ressources humaines ou le service client, pour développer des stratégies de sensibilisation et de formation plus personnalisées et efficaces.

2. Reconnaître et gérer l’épuisement empathique

  • Formation et sensibilisation : Intégrer dans les programmes de formation des modules spécifiques sur la gestion de l’épuisement, y compris des techniques de détection précoce des signes de fatigue liée à la compassion chez soi et chez les collègues.
  • Support psychologique : Offrir des ressources de soutien psychologique aux employés, comme des séances de débriefing après des incidents critiques, pour aider à gérer le stress et prévenir le burnout.

3. Utiliser l’empathie pour améliorer l’éthique et la prise de décision

  • Développement de politiques éthiques : Encourager une approche empathique dans l’élaboration des politiques de cybersécurité, en prenant en compte les répercussions potentielles sur toutes les parties prenantes et en s’efforçant de trouver des solutions équilibrées qui respectent la vie privée et la sécurité de tous.
  • Prise de décision participative : Impliquer une diversité d’acteurs dans les processus de décision relatifs à la sécurité pour assurer que différents points de vue et préoccupations soient pris en compte, facilitant ainsi l’adoption de mesures de sécurité plus justes et plus efficaces.

4. Encourager la communication directe

  • Dialogue avec les utilisateurs : Promouvoir des canaux de communication ouverts entre les équipes de cybersécurité et les utilisateurs finaux pour comprendre directement leurs besoins, leurs craintes et leurs attentes en matière de sécurité informatique.
  • Feedback continu : Mettre en place des mécanismes de retour d’information régulier pour recueillir les impressions des employés et des clients sur les politiques de sécurité, les programmes de formation et les incidents de sécurité, afin d’améliorer continuellement les stratégies de cybersécurité.

En intégrant ces pratiques, le domaine de la cybersécurité peut bénéficier d’une approche plus humaine et plus efficace, qui reconnaît l’importance de l’empathie non seulement pour comprendre les menaces, mais aussi pour développer des solutions de sécurité qui respectent et protègent tous les utilisateurs.

IV. Développer sa résilience

D’après Adam Grant, la résilience est liée à la rapidité et à la vigueur de notre réaction à l’adversité¹². La chose la plus efficace pour développer sa résilience au travail est de tirer les leçons de ses échecs. L’échec peut nous rendre meilleur si nous le considérons comme une opportunité pour apprendre, et que nous mettons notre égo de côté.

Diane Coutu, rédactrice au HBR identifie 3 grandes caractéristiques communes aux personnes résilientes:

  1. l’acceptation résolue de la réalité
  2. la profonde conviction que la vie a un sens
  3. de remarquables capacités d’improvisation

Simon Gronowski est un survivant de la Seconde Guerre mondiale. A l’âge de 11 ans, il a échappé à la déportation en sautant du train qui l’emportait vers le camp d’Auschwitz. Agé de 92 ans, ce « miraculé » partage son histoire dans un témoignage émouvant dans le podcast Les Odyssées. Un magnifique exemple de résilience.

Faire preuve de résilience lors d'une attaque de cybersécurité

La résilience constitue aptitude et la capacité à être robuste lorsqu’on est soumis à des conditions de changement ou de stress énormes.

Voici quelques recommandations pour cultiver sa résilience dans le domaine de la cybersécurité:

1. Exposer les équipes à des scénarios réalistes de cybersécurité

  • Simulations et exercices de crise : Organiser régulièrement des simulations d’attaques cyber réalistes pour exposer les équipes à des scénarios de stress contrôlés. Cela permet de développer une compréhension profonde des menaces et de renforcer la résilience en familiarisant les équipes avec les défis à surmonter.
  • Retour d’expérience : Après chaque exercice, effectuer un débriefing détaillé pour analyser les réactions, les décisions prises et les leçons apprises, favorisant ainsi un apprentissage continu et une amélioration des stratégies de réponse.

2. Valoriser et partager les expériences vécues

  • Témoignages internes : Encourager le partage d’expériences personnelles liées à la gestion d’incidents de cybersécurité, que ce soit des réussites ou des échecs. Ceci peut se faire à travers des séminaires, des newsletters internes ou des réunions d’équipe, renforçant le sentiment de communauté et la compréhension mutuelle des défis rencontrés.
  • Programmes de mentorat : Mettre en place des programmes de mentorat où les employés plus expérimentés peuvent partager leur savoir-faire et leurs stratégies de résilience avec les nouveaux arrivants, favorisant ainsi un transfert de connaissances et une culture de résilience.

3. Communiquer ouvertement sur les menaces et les défis

  • Transparence : Adopter une politique de transparence en ce qui concerne les menaces de cybersécurité actuelles et potentielles. Informer régulièrement les employés des risques, des nouvelles pratiques de sécurité et des changements dans le paysage des menaces.
  • Formation continue : Offrir des formations continues qui mettent en avant les dernières menaces, les nouvelles technologies de défense et les bonnes pratiques en matière de cybersécurité. Ceci permet de maintenir les équipes informées et prêtes à réagir face aux évolutions.

4. Créer une culture de la résilience

  • Reconnaissance des efforts : Reconnaître et célébrer les efforts et les contributions individuelles à la sécurité de l’entreprise. Mettre en lumière les comportements qui démontrent une forte résilience face aux défis.
  • Soutien psychologique : Offrir un soutien psychologique et des ressources pour aider les employés à gérer le stress et l’anxiété liés aux menaces de cybersécurité, renforçant ainsi leur bien-être et leur capacité à rester résilients.

En intégrant ces stratégies, les organisations peuvent développer une force de travail en cybersécurité plus résiliente, capable de faire face aux défis avec force et agilité.

Innover et adapter ses stratégies de protection

Alors que nous naviguons dans les eaux tumultueuses du monde numérique, il devient évident que l’intelligence émotionnelle n’est pas seulement un atout, mais une nécessité dans l’arsenal de la cybersécurité. Les capacités à faire preuve de pleine conscience, à maintenir un état de bonheur stable, à exercer l’empathie envers les autres et à démontrer une résilience face aux adversités sont cruciales pour créer des environnements numériques sûrs et sécurisés. Ces compétences nous permettent non seulement de contrer les menaces de manière plus efficace, mais aussi d’innover et d’adapter nos stratégies de protection dans un paysage en constante évolution.

N’hésitez pas à partager vos experiences pour lancer et enrichir cette discussion. Comment avez-vous observé l’impact de l’intelligence émotionnelle dans votre travail ou votre vie personnelle, en particulier en relation avec la cybersécurité ? Avez-vous des histoires de succès où ces compétences ont joué un rôle déterminant ? Partagez vos réflexions, vos expériences et vos conseils dans les commentaires ci-dessous, j’y répondrai avec grand plaisir 🙂

¹ Harvard Business Review, Intelligence Émotionnelle Hors-Série, Prisma Media, 2024.
² Salovey, P., & Mayer, J. D, Emotional intelligence : Imagination, Cognition and Personality, 9(3), p185–211
³ Cyrille Coelho, Le facteur émotionnel au cœur de la cybersécurité, L’harmattan, 2022.
⁴ Ellen Langer, Mindfulness, Perseus, 1989
Ellen Langer, Vivre est un ensemble de moments, rien de plus, HBR Hors-Série, mars-avril 2024
Crum, Salovey, Achor, Rethinking stress: the role of mindsets in determining the stress response, 2013
Shawn Achor, The Value of Happiness, Harvard Business Review, 2012
Dan Gilbert, Stumbling on happiness, Knopf, 2006
Ed Diner & Dan Gilbert, Relever des défis nous rend plus heureux, HBR Hors-Série, mars-avril 2024
10 Frédéric Lenoir, L’idéal, c’est un bonheur construit sur la joie, HBR Hors-Série, mars-avril 2024
¹¹ Serge Tisseron, Éprouver l’émotion de l’autre est une reconstruction mentale, HBR Hors-Série, mars-avril 2024
¹² Adam Grant, Avant tout, reconnaître la douleur, HBR Hors-Série, mars-avril 2024

12 Comments

  1. Lejeune 25 mars 2024 at 12 h 08 min

    Bravo pour ton approche académique du sujet. C’est instructif, très bien documenté et écrit. Un grand merci.

    Reply
    1. Clement Donzel 25 mars 2024 at 17 h 07 min

      Merci Frédéric pour ton message! J’apprécie d’autant plus que je sais que l’aspect cyber-psychologie t’intéresse tout particulièrement. A dans 15 jours pour notre prochain cours cyber !

      Reply
  2. FN 25 mars 2024 at 12 h 57 min

    Très bon article Clément. Bravo et merci

    Reply
    1. Clement Donzel 25 mars 2024 at 17 h 07 min

      merci FN pour le temps consacré à sa lecture 🙏🏻

      Reply
  3. José Martin 25 mars 2024 at 15 h 14 min

    Je suis absolument fasciné par le contenu de cet article ! Il met en lumière des aspects cruciaux de la cybersécurité que l’on néglige souvent, comme l’importance de l’intelligence émotionnelle. C’est incroyable de voir comment des compétences telles que la pleine conscience et l’empathie peuvent avoir un impact si significatif sur notre sécurité numérique. Cela ouvre de nouvelles perspectives sur la manière dont nous pouvons aborder la protection de nos données et de notre vie privée en ligne. Bravo pour cet article éclairant !

    Reply
    1. Clement Donzel 25 mars 2024 at 17 h 10 min

      Merci José pour ton commentaire. Je pense effectivement que l’Intelligence Émotionnelle est encore sous évalué actuellement dans les politiques cyber. Mais nul doute que cela change. Pour affronter les défis de demain, il faudra non seulement développer son intelligence émotionnelle mais également son esprit critique, croiser les sources, voir cultiver le doute (sans tomber dans la paranoïa… 🫣)

      Reply
  4. Alassan KAMARA 25 mars 2024 at 15 h 42 min

    Hello cher collègue de promo,

    C’est un remarquable texte dans lequel tu abordes l’intelligence émotionnelle, un domaine lié au comportement humain et donc qui me fascine pour ma part.

    J’apprécie la manière dont tu confrontes l’intelligence émotionnelle à la cybersécurité et je suis sûr que ce genre d’étude sera profitable pour tous les acteurs de la cybersécurité et surtout pour ceux qui sont en première ligne.

    Et comme l’avait dit Mr Hozi, il y a un bolulevard dans ce domaine alors je t’encourage à continuer et à approfondir ces études sur l’intelligence émotionnelle au profit de la cybersécurité.

    Bon courage Clément !

    PS: Quelques fautes d’orthographe qui ont retenu mon intention.
    – Dans le premier paragraphe de la pleine conscience, il manque un « e » dans « entoure ».
    – « Résilience » a été écrit avec un « a » dans le titre du chapitre 4

    Reply
    1. Clement Donzel 25 mars 2024 at 17 h 16 min

      Merci beaucoup Alassan pour ton message plein d’ encouragement 🙏🏻. Ca motive. Je tenterai modestement de contribuer, comme toi et tous les participants de notre promo ESG MBA CMSRI à rendre nos organisations un peu plus résilientes 🙂
      PS: Fautes corrigées, merci !

      Reply
  5. N'din 25 mars 2024 at 17 h 02 min

    Bravo Clément c’est très bien écrit. Merci car ça nous servira pour autre futur emploi.

    Reply
    1. Clement Donzel 25 mars 2024 at 21 h 50 min

      Merci Axel 🙏🏻. Et avec une promo comme la notre, aucun souci pour nos prochains jobs 😀

      Reply
  6. Abdel B 25 mars 2024 at 17 h 07 min

    Super article. On voit que les cours de Serge Tisseron t’ont bien inspiré.

    Reply
    1. Clement Donzel 25 mars 2024 at 21 h 49 min

      Merci Abdel ! yes, je suis dans le fan club de Serge T. 😀

      Reply

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