Le bluff Technologique, de Jacques Ellul, classique de la technocritique

Manifeste pour une technique au service de l’homme, le Bluff Technologique de Jacques Ellul est un grand classique de la critique de la technique.

Le Bluff Technologique de Jacques Ellul, ouvrage techocritique

Résumé du livre Le bluff Technologique, de Jacques Ellul, classique de la technocritique

Dans cet ouvrage, synthèse de la réflexion consacrée par Jacques Ellul à la technique, l’auteur s’attache à démystifier le discours sur les changements technologiques qui fleurissent dans notre société. Écrit avant l’explosion informatique et communicationnelle des années 1980, il en anticipe l’arrivée, les utopies et les déconvenues. Plaidant pour une technique au service de l’homme contre une société qui asservit l’individu à une multiplicité de gadgets, il démonte avec minutie et conviction les arguments qui font de la technologie une fatalité. Manifeste pour une technique au service de l’homme, ce livre est un grand classique de la critique de la technique.

A propos de l'auteur Jacques Ellul

Jacques Ellul (1912-1994) a consacré l’essentiel de sa réflexion à l’impact des techniques sur les sociétés contemporaines. Il a notamment publié La technique ou l’enjeu du siècle, Le système technicien. Bien plus connus aux États-Unis qu’en France, ses livres sortent aujourd’hui du purgatoire, où ils rencontrent la conscience écologique d’un nouveau public. Jean-Luc Porquet, préfacier, est l’auteur de Jacques Ellul, l’homme qui avait (presque) tout prévu (Le Cherche-midi).

Table des matières du Bluff Technologique

Préface par Jean-Luc Porquet
Avertissement

Propos préliminaires : La grande innovation

  • Les multiples progrès
  • Le discours social
  • La grande innovation
  • Annexe
  • Les aristocrates

Première partie  : l’incertitude

I. L’ambivalence

  • Tout progrès technique se paie
  • Le progrès technique soulève des problèmes plus difficiles que ceux qu’il résout
  • Les effets néfastes sont inséparables des effets positifs
  • Les effets imprévisibles
  • Sur le défaut de prise de conscience

II. L’imprévisibilité

  • L’imprévisibilité
  • Imprévision et imprévisibilité relative
  • Les conditions de l’impossibilité de prévision
  • L’imprévisibilité absolue
  • La prévoyance

III. Le double feed-back

  • Le feed-back positif
  • Le feed-back négatif

IV. Les contradictions internes

  • Les seuils de retournement
    • La fragilité
    • Les compensations

Deuxième partie : Le discours

I. L’humanisme

II. Peut-il exister une culture technicienne ?

  • Impératifs et hésitations
  • Que pouvons-nous appeler culture ?
  • Une culture technicienne est impossible

III. La maîtrise de l’homme sur la technique

IV. La rationalité

V . Esquisse sur les idéologies de la science

  • L’idéologie classique
  • La nouvelle idéologie
  • Note conjointe sur Science et Foi

VI. Les experts

Troisième partie Le triomphe de l’absurde

I. Progrès de la technique et philosophie de l’absurde

  • L’absurdité technicienne
  • L’absurde économique
  • L’absurde humain de la technique
  • Conclusion

II. La déraison

  • La dissociation
  • Paradigmes
  • Les principaux lieux de la déraison
  • Et quelques exemples complémentaires

III. Les coûts : la nouvelle relation entre la technique et l‘économie politique

IV À quoi ça sert ? L’univers du gadget

  • Les besoins
  • L’univers du gadget

V. Les gaspillages

  • Les gaspillages privés
  • Le gaspillage social et collectif
  • Responsabilité

VI. Le bluff de la productivité

  • L’État et la science
  • La productivité
  • L’entropie

Quatrième partie : L’homme fasciné

I. De l’information à la télématique

  • L’information
  • La télévision
  • La télématique

II. La publicité

III. Le divertissement

  • Le jeu
  • Le s port
  • L’auto
  • Disneyland
  • L’idole.

IV. Le terrorisme feutré de la technologie

Ultima verba

  • Inventer l’homme
  • Le grand dessein

Bibliographie

  • Revues consultées
  • Ouvrages utilisés

Bibliographie de Jacques Ellul

Caractéristiques de Le bluff Technologique, de Jacques Ellul, classique de la technocritique

Nombre de pages

768

Langue

Française

Année de publication

1986

Éditeur

Fayard

ISBN

978-281-8502273

Mon avis sur l'ouvrage Le bluff Technologique, de Jacques Ellul, classique de la technocritique

Jacques Ellul est très certainement (avec quelques autres : Jean Giono, René Barjavel, Bernard Charbonneau – un proche – , James Semprun) l’un des auteurs techno-critiques français les plus connus du XXe siècle, et pour une bonne raison. Son œuvre est immense. Il consacrera plus de quarante ans de sa vie à l’étude de la technique et son impact sur l’individu et la société.

La technique ou le progrès technique, et par extension la technologie, prétend libérer l’homme mais en réalité échappe à tout contrôle démocratique, épuise les ressources naturelles, et forme à l’intérieur de la société un véritable « système technicien ». Elle menace l’homme dans ce qu’il a de plus précieux et de plus fragile : sa liberté.

Acheter le livre:

Et soutenir le blog

Le Bluff Technologique de Jacques Ellul, ouvrage techocritique

Si l’avènement de la micro-informatique fait lever en lui l’espoir d’une technique, décentralisatrice, créatrice de temps livre et non puissante pouvant libérer l’homme de la servitude du travail et mener à une authentique révolution nous dit Jean-Luc Porquet dans la préface, l’homme a laissé filer cette chance historique, et qu’il est « désormais trop tard ». 

L’ouvrage, qui comprend 731 pages tout de même (hors bibliographie) regorge de références et observations particulièrement actuelles : absorption de la technique sur la culture, dogme de la croissance économique à tout prix, notre incapacité à appréhender des problématiques techniques et scientifiques qui nous dépassent (impact sur la santé des OGM, antennes relais…), relation étroite entre croissance technique et pollution, modèle technique dépendant trop souvent de la publicité…

Si certaines de ses positions peuvent apparaitre aujourd’hui comme trop excessives (le rock n’est que du bruit, le Français à la culture d’un enfant de huit ans…), d’autres observations paraissent avoir été écrites pour notre époque. C’est notamment le cas de sa vision de l’intelligence artificielle (déjà en 1968 !) qu’il refuse d’opposer à l’intelligence humaine. (Ah, cette fameuse conférence de Darmouth qui fut la première à parler d’IA…)

Le Bluff Technologique participe au grand projet de Jacques Ellul à vouloir libérer l’homme, lui redonner prise sur sa vie, qui, en étant conscient des chaines qui l’entravent pourra les briser. Un ouvrage accessible permettant d’apprécier la réflexion d’un grand penseur tout en nous aidant à penser le monde d’aujourd’hui !

Extraits et concepts de l'ouvrage Le Bluff Technologique

L'idéal technicien de la Silicon Valley : recherche scientifique, industrie et Universités

Ce sont les Américains qui ont inventé la Technopolis dont les premiers balbutiements californiens remontent déjà aux années 1930 et le nom de la Silicon Valley fondée entre 1950 et 1960 est universellement connu. L’idéal est complexe : mettre en étroit contact la recherche scientifique, avec les industriels susceptibles de l’utiliser, mais aussi, et c’est la réciproque, de la financer. Et créer un lien organique entre eux. Sur quoi vient se greffer un troisième facteur : l’Université, qui sera vivifiée par cette proximité de l’utile, qui verra ses étudiants assurés de débouchés, et qui sera intrinsèquement déterminée par la recherche. C’est le monde technicien parfait : le technicien règne sur la recherche, il correspond aux techniciens de l’économie, de l’analyse des besoins, etc.) de l’industrie, et l’Université reçoit dorénavant sa fonction majeure d’un appel de fourniture de techniciens. Les études n’ont plus de raison d’être quand elles ne sont pas immédiatement utilisables. (p.77)

L'application illimitée des techniques responsable du problème écologique

Le « problème écologique » avec ses divers et multiples aspects : les pollutions innombrables, les nuisances (qu’il ne faut pas confondre), la rupture des cycles naturels, la production d’éléments chimiques nouveaux qui n’existaient par dans la nature), l’épuisement éventuel (impossible à calculer exactement) des ressources naturelles, la grande et redoutable menace concernant l’eau, la destruction du paysage humain, le gaspillage des sols cultivables, etc. Ces faits sont difficilement discutables aujourd’hui malgré des oppositions. Et tout cela est le résultat de la croissance effrénée, de l’application illimitée des techniques. (p.117)

Les moyens techniques de plus en plus puissants créent des dangers considérables

Nous sommes en présence d’un ensemble de dangers créés par la technique et qui, pour les plus graves, ne sont encore qu’hypothétiques. Mais ne suffit-il pas pour souhaiter une récession que cette hypothèse existe : si jamais quelqu’un utilisait mal le moyen technique en question ? Or, ces moyens sont de plus en plus puissants, créent des dangers de plus en plus considérables. Si, à la limite, on avait des instruments absolument puissants (et je ne pense même pas à la bombe H, mais aussi à tout le système informatique, pour le contrôle absolu des populations, à tout le système d’interventions chimiques, etc.), qui nous garantit qu’il n’y aura aucun gouvernement absolu qui ne les utilisera pas ? que l’on ne décidera pas l’affaire des électrodes dans le cerveau pour tous les nourrissons (idéal de Rorvik) etc. Dans la mesure où nous connaissance de moins en moins les conséquences de nos innovations et où nous sommes incapables d’inventer les parades nécessaires, il suffit d’infiniment peu pour nous lancer dans un risque absolu. (p.157)

Les radios libres

Un cas : Quel éclaboussement de joie partout quand on a obtenu la liberté des émissions de radio ! Enfin n’importe qui allait pouvoir diffuser ses idées, les groupes toujours privés de parole allaient pouvoir se faire entendre. Quel progrès de la liberté ! L’expérience a été quelque peu différente ! D’abord, il fallait trouver des capitaux pour montrer la station et l’État n’a donné qu’une aide de démarrage. Alors, la radio libre a dépendu soit d’un grand journal, soit d’une entreprise financière, industrielle, etc. Mais ce n’est pas le plus important; Rapidement, on a eu trois groupes de radios libres : celles qui cherchaient à correspondre à l’idéal primitif, c’est-à-dire qui fournissaient des informations, locales ou nationales, relativement neuves et surtout qui avaient un objectif pédagogique etc. Puis les radios qui correspondaient à un public radio visant les catholiques, ou les juifs, ou les socialistes, et qui de ce fait avaient un public fait d’avance, qui s’intéressait à ces émissions, et acceptait de subventionner « leur » radio (compte tenu de ce qu’elle n’était pas du tout la radio de ceux qui ne parlent jamais mais celle du parti, de l’Église, et étaient montée par des spécialistes). Enfin les innombrables radios émettant essentiellement de la musique (rock) et des informations sportives. Le problème s’est révélé quand il a fallu trouver l’argent pour le fonctionnement. Une seule vraie ressources : la publicité. (p.219) 

Acheter le livre:

Et soutenir le blog

Le Bluff Technologique de Jacques Ellul, ouvrage techocritique

Plus on parle d'une valeur, plus c'est le signe de son absence.

Autrement dit, ce que nous vivons dans le monde entier est exactement l’inverse du discours humaniste. Et ici il faut appliquer la loi d’interprétation que j’ai souvent rappelée. Dans une société donnée, plus on parle d’une valeur, d’une vertu, d’un projet collectif…, plus c’est le signe de son absence. On en parle précisément parce que la réalité est inverse. Si on proclame liberté, etc. Et plus la réalité est sombre, plus le discours est lumineux. Mais le lecteur pensera : dans cette énumération des horreurs de notre siècle, qu’est ce que la technique a à faire ? Ce n’est pas la faute de la technique s’il y a des camps de concentration et des attentats terroristes ! Tout ce qui a été cité relève de décisions politiques. Bien entendu, la technique n’est pas la cause directe et immédiate. Mais c’est elle qui, d’une part, a rendu possible l’extension des désastres et qui, d’autre part, a induit la décision politique. C’est parce qu’elle a exigé pour l’industrie toujours plus de matières premières, etc., parce que les méthodes de contrôle se sont améliorées, qu’il y a un État policier, parce que les moyens de tuer sont devenus énormes qu’il y a eu des morts par dizaines de millions (et fabriquer ces moyens de tuer n’était pas une « décision politique » : il  fallait développer les techniques de guerre pour pouvoir améliorer les techniques « pacifiques », l’un est lié à l’autre). (p.252)

L'intention d'écrire une œuvre spécifie l'intelligence humaine, elle est hors de portée de l'ordinateur

H.A. Simon présente trois grandes idées forces :  « Si on arrive à élaborer des programmes d’ordinateurs susceptibles de déceler dans leur propre banque de données les patterns sous-jacents, nous serons aptes à comprendre le processus de la découverte.  » Et l’ordinateur sera capable de faire des découvertes par lui-même. Car la découverte n’est jamais une vraie innovation : elle est le résultat d’un processus laborieux réalisé graduellement à partir d’une documentation immense et en fonction de la connaissance des « modèles » antécédents. Il n’y a donc aucune part d’intuition : l’intuition n’est pour lui que la capacité de saisir instantanément toute la signification d’une situation donnée. « La clé de l’intuition n’est que la recognition : l’expert reconnaît les indices lui permettant d’avoir accès à une vaste connaissance.  » L’ordinateur étant capable de cette recognition, il est donc capable d’intuition (on voit le réductionnisme !). Il suffit de ramener les processus complexes de la pensée à des opérations simples, que l’ordinateur peut effectuer : en les combinant il reproduit les configurations les plus complexes. 

La seconde grande « idée » de H.A. Simon, c’est que l’ordinateur pourrait être programmé pour simuler les émotions humaines. Il suffit d’élaborer des programmes incluant des inputs symboliques semblables à ceux que reçoit notre système nerveux lié aux émotions : un système computique ayant les mêmes capacités de traitement des émotions que le cerveau humain […] L’absurdité de cette proposition tient à ce que l’ordinateur réagira à certains stimuli, prédéterminées, alors que l’humain éprouve des « émotions » en présence de stimuli parfaitement inattendus.

Mais pour H.A Simon dans les conditions qu’il fixe, un ordinateur pourrait spontanément écrire l’œuvre de Proust. Avec une sancta simplicitas, il explique qu’il suffirait que l’ordinateur « possède une aussi vaste connaissance de la langue française » que Proust. En outre, il faudrait fournir à l’ordinateur des expériences analogues à celles qui suscitent nos émotions, étayées par une vaste information. Et c’est tout : langue française + émotions fait que n’importe qui peut écrire À la recherche du temps perdu. Mais il y a un point qui m’arrête : Proust a pris la décision d’écrire cette œuvre. L’ordinateur prendra-t-il de lui-même cette décision ? […] Cette décision de l’artiste ou de l’écrivain spécifie l’intelligence humaine, elle est hors de portée de l’ordinateur. (p.311)

L'intelligence est une activité de tout l 'ensemble humain

Mon objection majeure, c’est que tous ces prodiges sont des imitations des opérations d’un cerveau qui serait extirpé de son logement crânien et fonctionnerait dans un bocal (avec ses terminaisons nerveuses, bien sûr !) plein de sérum physiologique. L’intelligence n’est pas la capacité de cumuler des connaissances, de les utiliser, de résoudre des problèmes, de mémoriser… l’intelligence est une activité de tout l’ensemble humain, elle est nourrie de relations humaines, d’accidents, de fatigue ou de joie (non pas simulée !), de passion pour écrire ou pour calculer, de choix dans les connaissances à enregistrer en fonction d’un projet, d’obsession psychique et d’intentions de faire plaisir à ou de blesser telle personne ; l’intelligence n’est pas de l’algèbre. Et je m’inscris totalement en faux contre cette abstraction que notre Nobel décrit comme étant l’intuition. L’intelligence peut être exaltée, ou sombrer dans l’indifférence à cause de l’ennui… Autrement dit, elle est une des fonctions du vivant. (p.313)

Ce qui produit cet enthousiasme pour l’ordinateur, ce n’est pas son utilité, effective, mais le fait qu’il donne à n’importe qui l’illusion d’être intelligent. (p.578)

Obliger le consommateur à utiliser un produit technique sans intérêt

Mais l’important à partir du moment où il y a création d’u produit technique avancé, c’est d’obliger le consommateur à l’utiliser même s’il n’y trouve aucun intérêt. Le progrès technique le commande. On dira que cela dépend des hommes qui le décident, et qu’après tout, on pourrait faire autrement, mais précisément pas ; si on veut rester dans le rang des nations avancées, on est obligé à la fois de rester dans ce train et à la fois d’inventer encore mieux, c’est-à-dire encore plus absurde et inutile pour surclasser les concurrents. (p.377)

L'injection du progrès à aller vite

Temps gagné, temps parfaitement vain. Certes, je ne nie pas que, parfois, rarement l’extrême vitesse soit utile : quand il s’agit de sauver un blessé, ou de rejoindre celui ou celle que l’on aime, ou retrouver sa famille, ou de gagner la paix dans une rencontre décisive… Combien rares ces vraies nécessités de « gagner du temps ». La réalité, c’est que « aller vite » est devenu une valeur en soi que l’on ne conteste plus. C’est L’Homme pressé que P. Morand avait si bien décrit, et qui n’était pressé par rien. (p.469)

Divertissement : L' Homme est détourné de penser à sa condition humaine

Nous avançons fortement, avec le divertissement, dans la voie du détournement de l’homme et de son addiction par la société technicienne, par la fascination. Il nous faut prendre divertissement non pas au sens d’amusement, mais au sens pascalien : l’homme est diverti, c’est-à-dire, d’une part détourné de penser à soi-même, à sa condition humaine, et aussi détourné des supérieurs. « Ils ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement » (la guerre, l’algèbre sont pour Pascal des divertissements, on voit que nous sommes loin de l’amusement),  » et l’occupation au-dehors qui vient du ressentiment de leurs misères continuelles. (p.641)

Avilissement et crétinisme des Français

Le niveau culturel du Français cultivé se situe au niveau des bandes dessinées destinées aux enfants de huit ans. Disneyland n’est pas un scandale, c’est seulement le crétinisme social poussé à son extrême limite, c’est la face la plus explosive de ce long travail de déculturation et de détournement des Français hors du fondamental et du sérieux quotidien, c’est l’avilissement justifié par l’emploi et l’économie, de ce qui pouvait subsister d’esprit critique et de distanciation. (p.683à

Vers une intelligence coopérative avec les robots

Aujourd’hui, on fait appel à tous les niveaux à l’intelligence et ce sera encore bien plus vrai en 2000. L’intelligence, liée à la mathématique, est tout à fait essentielle dans cette société. Mais ce n’est plus l’intelligence des humanités, l’intelligence de l’humain en tant qu’humain. Il s’agit de l’intelligence coopérative avec le robot, de l’intelligence remodelée sur l’intelligence artificielle. Le problème n’est plus ce que l’on croyait : est-ce que l’ordinateur est ou non intelligent, concurrent de l’homme ? Non ! C’est : étant donné l’intelligence de l’ordinateur, comment éduquer l’homme pour qu’il y corresponde exactement ? il faut apprendre à poser les problèmes autrement, dans le langage de l’ordinateur, et les résoudre de façon fort différente des procédés classiques. Il faut penser par algorithmes (ensemble de règles de penser non ambiguës, transformation permettant de passer d’une représentation à une autre, exécution en un nombre fini d’étapes). Il faut être formé à, la théorie des algorithmes, des grammaires formelles, de la complexité de mémoire (permettant entre autres de déterminer la calculabilité d’un algorithme, à la théorie des graphes, à la sémantique du langage informatisé…) Voilà l’intelligence absolument indispensable dans la société qui est prévue de façon inéluctable. (p.691)

Leave A Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

quatorze + 15 =

Vous aimez les livres ?

Nous aussi !

Un livre sur la Tech

À découvrir chaque semaine