Les Algorithmes de la Résistance de Bonini & Treré

Découvrez la lutte quotidienne des livreurs, artistes et influenceurs contre le pouvoir des plateformes numériques.

Les algorithmes de la résistance, lutte quotidienne contre le pouvoir des plafeformes

Résumé du livre Algorithmes de la Résistance

Comment les travailleurs, les influenceurs et les activistes du monde entier développent des tactiques de résistance algorithmique en s’appropriant et en réutilisant les mêmes algorithmes qui contrôlent nos vies.
 
Les algorithmes sont tout autour de nous, imprégnant de plus en plus d’aspects de notre vie quotidienne. Alors que les récits narratifs du pouvoir des plateformes ont tendance à apparaître comme sombres et monolithiques, le livre Algorithmes de la Résistance (Titre original: Algorithms of Resistance) montre comment les gens peuvent résister aux algorithmes dans une variété de domaines. S’appuyant sur de riches matériaux ethnographiques et des perspectives du Nord et du Sud, les auteurs Tiziano Bonini et Emiliano Treré explorent comment les gens s’approprient et reconfigurent les algorithmes pour poursuivre leurs objectifs dans trois domaines de la vie quotidienne : le travail à la demande, les industries culturelles et la politique. Ils révèlent comment les formes d’agentivité et de résistance algorithmiques sont endémiques et banales, et comment la société des plateformes est un champ de bataille.
 
Bonini et Treré commencent par décrire leur cadre théorique clé des économies morales. Ce cadre soutient que les algorithmes existent sur un continuum. À ses deux extrêmes se trouvent deux économies morales concurrentes : l’économie morale de l’utilisateur et l’économie morale de plateforme. À partir de là, Algorithmes de Résistance relate les différentes façons inventives que les individus utilisent pour atteindre l’agentivité et résister au pouvoir omniprésent des algorithmes. Avec un large éventail d’études de cas, Bonini et Treré révèlent l’impératif moral pour nous tous – des livreurs aux artistes en passant par les mouvements sociaux – de résister aux algorithmes.

 

A propos des auteurs Tiziano Bonini et Emiliano Treré

Tiziano Bonini est Professeur agrégé en Sociologie de la Culture et de la Communication au Département des Sciences Sociales, Politiques et Cognitives de l’Université de Sienne en Italie.
 
Emiliano Treré est Maître de Conférences en agentivité des données et Écologie des médias à l’École de Journalisme, des Médias et de la Culture de l’Université de Cardiff. Il est l’auteur de Hybrid Media Activism, lauréat du prix du Livre Exceptionnel du Groupe d’Intérêt de l’ICA « Activisme, Communication et Justice Sociale ».

 

Table des matières Les Algorithmes de la Résistance:

Remerciements
Introduction

  1. Vivre avec les algorithmes : Pouvoir, agentivité, résistance
  2. L’économie morale de l’agentivité algorithmique
  3. Déjouer le boss
  4. Déjouer la culture
  5. Déjouer les politiques
  6. Les frontières de la résistance dans une société automatisée

Annexe : méthodes de recherche
Notes
Index

Mon avis sur l'ouvrage Les Algorithmes de la Résistance :

Le philosophe français Michel Foucault disait que là ou il y a du pouvoir, il y a toujours de la résistance. L’ouvrage écrit par Tiziano Bonini et Emiliano Treré décrit avec force les stratégies souvent concertées des utilisateurs, travailleurs des plateformes, influenceurs sur les réseaux sociaux, artistes, fans, ou militants politiques pour contrecarrer le pouvoir des plateformes numériques et résister à l’algorithmisation de nos sociétés.

Les auteurs alimentent leur récit de très nombreux cas et témoignages d’utilisateurs tentant de survivre dans un monde numérique sans pitié.

C’est par exemple le cas des livreurs Deliveroo et Uber Eats qui subissent les décisions d’un algorithme réduisant dramatiquement leurs commandes sans explication, ou des mécanismes de gamification mis en place par les plateformes pour maintenir une forte pression sur les livreurs. C’est également le cas des manutentionnaires Amazon qui trouvent des subterfuges pour résister à la surveillance dans les entrepôts.

D’autre travailleurs, notamment ceux des plateformes de produits culturels ont en commun d’agir sous la menace de l’invisibilité, comme ces influenceurs dont la photo Instagram se perd dans le fil des utilisateurs. D’autre quant à eux réussissent à détourner le fonctionnement des algorithmes à leur profit, que ce soit pour manipuler l’opinion, hacker un hashtag twitter ou tromper l’algorithme de Spotify pour mettre son artiste en haut des charts.

On appréciera dans l’ouvrage le cadre méthodologique définit par les deux auteurs, tous les deux des universitaires et qui permet de mieux comprendre et appréhender ces changements récents dans nos société et l’impact de cette numérisation à tout crin.

On se met également à reconsidérer nos nouveaux modes de consommation qui sont en partis responsables de cette situation inédite.

Bernard Stiegler, philosophe français, soutenait que nos vies quotidiennes étaient entièrement déterminées par l’automatisation, faisant de nous des automates définis par des mécanismes algorithmiques qui redéfinissent nos comportements sociaux. Souhaitons que ces poches de résistance communautaires, ainsi que les alternatives naissantes comme les coopératives de livraison participent à une prise de conscience nécessaire pour repenser notre relation aux numériques et remettre l’individu au centre du jeu ; et que ces travailleurs ne soient plus considérés comme une variable d’ajustement dans les modèles algorithmiques.

Un ouvrage éclairant, extrêmement bien documenté et structurant pour mieux comprendre le monde dans lequel on vie.

A noter que cet ouvrage n’est malheureusement pas disponible en Français. Je vous propose donc ma propre traduction qui je l’espère respecte le plus fidèlement les propos des deux auteurs.

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Algorithms of Resistance

The everyday fight against platform power

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Extraits et concepts de l'ouvrage Algorithmes de la résistance

L'agentivité à travers le travail à la demande, la culture et la politique

Parmi les nombreuses catégories d’utilisateurs qui se confrontent chaque jour à la puissance des plateformes numériques, nous avons choisi d’en traiter trois : ceux qui les utilisent pour travailler, ceux qui produisent des objets culturels et ceux qui s’engagent dans des activités politiques. Travailleurs des plateformes (gig workers), artistes, musiciens et créateurs de contenu (culturels), mouvements sociaux et partis politiques (politiques) seront les principaux protagonistes de ce livre. Qu’ont-ils en commun? Ils sont tous, d’une manière ou d’une autre, des travailleurs numériques. (p.4)

"Là ou il y a du pouvoir, il y a toujours de la résistance", Michel Foucault

Le pouvoir que ces plateformes exercent est largement invisible aux utilisateurs de tous les jours et est basé sur des algorithmes dont les fonctionnements sont pour le moins opaques. Le pouvoir accumulé par les entreprises technologiques ressemble beaucoup à l’idée du pouvoir décrite par Foucault : un pouvoir diffus, omniprésent est accepté dans la mesure où il est caché. Le pouvoir des plateformes est un pouvoir de type « boîte noire ». En réalité, il est plus facilement accepté par ceux qui qui ne connaissent pas les mécanismes de fonctionnement des algorithmes et de leurs possibles biais. Pourtant, le fait que le pouvoir des plateformes soit si invasif et invisible pour la plupart des gens ne signifie pas que les gens soient désespérément piégés à l’intérieur de la société des plateformes. Nous ne pouvons pas oublier l’une des plus importantes leçons de Foucault, là où il y a du pouvoir, il y a toujours de la résistance. (p.21)

L' économie morale des plateformes numériques

Il y a encore probablement beaucoup de recherches à mener sur la valeur des plateformes et leur agentivité. Par souci de simplification dans cet ouvrage, nos nous référerons à l’économie morale des plateformes commerciales utilisées par les utilisateurs que nous avons observé dans notre étude de terrain. L’économie morale de ces plateformes, de Deliveroo à Instagram, de Twitter à Uber et Airbnb, est principalement centré sur des valeurs néolibérales comme le marché libre, l’individualisme, le consumérisme, l’extraction de données, l’optimisation de la performance, l’entrepreneuriat individuel, l’idéologie méritocratique et la compétition entre les utilisateurs. En considérant cette vision, les entreprises technologiques considèrent qu’il est légitime, équitable et moralement acceptable d’extraire les données personnelles pour générer du profit ou pour encourager et récompenser la compétition et l’entrepreneuriat individuel. Ces valeurs constituent le cœur de l’économie morale des plateformes capitalistes, la forme hégémonique actuelle du capitalisme. (p.36)

Comment un coursier sécurise un repas gratuit avec l'application Uber Eats

Parmi les astuces qu’ Ankush a appris, il y en a une qu’il utilise régulièrement, tout particulièrement lorsque les commandes ont commencé à baisser. Les jours ou l’application Uber Eats ne lui assigne aucune livraison, il ouvre l’application via un second smartphone. Ankush entre dans l’app. en tant que client et fait une commande et ensuite se positionne devant le restaurant ou il a commandé. Il attend que la commande lui soit automatiquement attribuée car il est le coursier le plus proche du restaurant. Cette tactique marche habituellement et il obtient la commande. Juste après avoir récupéré la commande auprès du restaurant, il reprend son deuxième téléphone et redevient client. Il annule sa commande pour recevoir un remboursement d’ Uber Eats. De cette façon, Ankush-le-client reçoit le remboursement et Ankush-le-coursier a une commande non livrée dans ses mains. Uber Eats autorise les livreurs à distribuer gracieusement les commandes non livrées aux sans-abris, mais Ankush garde la nourriture et sécurise un repas gratuit. (p.60) 

Les travailleurs des plateformes numériques utilisés comme variable d'ajustement

Les entreprises de livraison de repas à domicile représentent une petite partie de cette florissante économie des petits boulots (gig economy). Les travailleurs des plateformes numériques (gig economy workers) représentent une large proportion de la population et est en forte croissance. Ces travailleurs flexibles et du court-terme sont payés à la complétion de la tâche (gig) au lieu d’être payés pour le volume horaire de travail qu’ils fournissent. Leurs tâches sont facilitées par les plateformes digitales, alimentées par la donnée et gouvernées par des algorithmes qui permettent d’adapter rapidement l’offre de travailleurs aux fluctuations de la demande. (p.62)

Les nudges algorithmiques pour influencer les comportements

Les plateformes de livraison de repas à domicile utilisent régulièrement les nudges algorithmiques pour influencer leurs coursiers. Ces nudges inclus des prévisions d’augmentation des prix, des notifications push et des rapports de performance. L’augmentation des prix en particulier est basée sur un système algorithmique qui utilise l’ajustement des prix comme incitation financière permettant de réallouer la force de travail sur un territoire. (p.71)

Comment détourner le TOT, l' indicateur de performance des travailleurs chez Amazon

Les livreurs travaillant pour Amazon sont soumis à un algorithme qui les surveille en permanence et optimise les temps de livraison. Ils sont soumis à tant de pression que certains ont admis uriner dans des bouteilles pour gagner du temps. Pour réduire cette pression, même partiellement, les livreurs ont développé des techniques très créatives […] Cette pression n’épargne pas les salariés Amazon qui travaillent dans les entrepôts et qui subissent la surveillance et le contrôle des superviseurs et des systèmes automatiques […] Si le temps-hors-tâche (Time Off Task ou TOT, c’est à dire le temps séparant le scan d’un objet à celui d’après, mesuré par le scanner utilisé par les manutentionnaires Amazon) est supérieur à 15min ou est en deçà de la performance attendue de la journée, ils reçoivent une visite du manager ou un courrier […] Un travailleur a identifié que ses managers mesuraient sa productivité en fonction de la rapidité avec laquelle il reprenait le travail après une pause. En laissant son scanner chargé, il pouvait ainsi induire en erreur le système qui déduisait qu’il avait repris sont travail. D’autres améliorent leur productivité en scannant un nombre important de petits colis. (p.75)

Les livreurs sont-ils vraiment des travailleurs indépendants ?

Les plateformes autorisent leurs livreurs à travailler avec d’autres applications de livraison de repas à domicile seulement car l’interdire pourrait être l’une des justification utilisée par les syndicats européens pour prouver que les livreurs ne sont pas des travailleurs indépendants, comme aiment à les présenter les plateformes. (p.80)

La tactique Shuadan pour résister aux algorithmes

En Chine et en Inde, certains coursiers sont inscrits en tant que livreurs et en tant que clients sur la même application. Lorsque les commandes diminuent ou lorsqu’un coursier veut augmenter son classement, il peut utiliser la technique de Shuadan, qui consiste à créer des commandes artificielles. De mèche avec un restaurant (souvent nouvellement installé), le coursier qui acte en tant que client (avec son second smartphone, technique similaire à celle de Ankush) soumet une commande au restaurant. Alors que le restaurant ne prépare pas réellement le repas, le livreur accepte la (fausse) commande et ensuite indique la commande comme livrée. Le livreur remonte ainsi dans les classements et obtient sa commission de livraison.

Au-delà de la résistance algorithmique, des alternatives aux plateformes commerciales émergent

Robin Food est la première co-op italienne à rejoindre la fédération internationale des coopératives de livraison par vélo, Coop Cycle. Ces dernières années, de nombreuses coopératives ont vu le jour en Espagne (Botxo courriers, Zampate Zaragoz, Rodant, Eraman, La Pajarar ciclomensajeria, et Mensaks). Les membres de ces co-ops ont tous en commun d’avoir travaillé pour des plateformes commerciales. Le modèle de ces plateformes diffèrent des plateformes commerciales dans leur désire de générer une économie de proximité qui garantisse des conditions de travail décentes, ce qui signifie que le service proposé aux clients finaux est sensiblement plus cher. 

Augmenter la viralité de ses posts avec les Instagram Engagement Pods

Les Engagement Pods sont des initiatives lancées par des communautés qui se mettent d’accord pour se liker mutuellement, commenter, partager ou réaliser toutes formes d’engagements pour promouvoir les posts publiés par ses membres, peu importe le contenu. Facebook, Instagram, Telegram et Whatsapp sont les plateformes les plus utilisées pour héberger ses groupes. L’idée du Pod est qu’un groupe d’individus acte collectivement de la même manière, pour poursuivre des intérêts communs. (p.117

Des étudiants chinois se coordonnent pour faire disparaitre une app du store chinois

Pendant le COVID-19 en mars 2020, des millions de Chinois de la région du Wuhan ont dû rester à la maison et participer à leur cours en ligne. L’application pour le travail collaboratif DingTalk, propriété d’Alibaba Group était massivement déployée au sein des écoles et permettait aux professeurs d’envoyer les devoirs aux élèves. En l’espace d’une seule nuit, la notation de l’application dans l’App Store Chinois est passée de 4.9 à 1.4, risquant de la faire disparaitre de l’ App Store. Des centaines ou des milliers d’étudiants chinois ont orchestré une campagne de sabordage pour partager des avis négatifs sur la plateforme, lui faisant perdre toute visibilité. (p.114)

Comment faire un hit musical sur Spotify en trompant son algorithme

La capacité pour un objet culturel à être découvert (discoverability) et visible n’est jamais le fait uniquement de la plateforme mais également dépend de compétitions permanentes et dynamiques. D’un côté, il y a le pouvoir exercé par les plateformes et de l’autre des tactiques de détournement des utilisateurs, qui impactent le fonctionnement des plateformes dans de très nombreux secteurs : jeux vidéo en ligne, applications de fitness, app. de rencontres, podcasts et musique. L’industrie de la musique est particulièrement visée par ces techniques, comme ces producteurs qui ont été capables d’améliorer artificiellement leurs classements pour faire croire à l’algorithme de Spotify qu’il avait à faire à des hits qui méritaient d’être positionnés dans de nombreuses playlists pré-configurées. La motivation pour déjouer le fonctionnement de l’algorithme est ici purement financière. Elle mobilise de la puissance de calcul et un budget substantiel pour générer une croissance impressionnante du nombre d’écoutes du morceau et être récompensée par une meilleure visibilité et plus de revenus sur la plateforme. (p.115)

Quand les fans de K-Pop influencent les algorithmes des plateformes de streaming

La sortie du nouvel album du groupe de pop coréenne BTS a poussé ses millions de fans à travers le monde à développer une campagne de streaming (stream party) pour assurer une visibilité maximale du boys band. Aux États-Unis des fans de BTS ont créé et distribué de nombreux accès aux sites de streaming à des fans dans d’autres pays via les réseaux sociaux. Les fans basés hors des USA ont utilisé des VPN pour écouter en continue et sur de multiples périphériques les morceaux du groupe coréen afin d’influencer les algorithmes des services de musique en ligne. Certains fans sont même allé jusqu’à créer des cagnottes pour permettre à d’autres fans d’avoir accès aux services premiums. (p.107)

La menace de l'invisibilité des travailleurs des plateformes culturels

Les travailleurs des plateformes de produits culturels ont peur de ce que Taina Bucher nomme la menace de l’invisibilité. Cette menace pousse les utilisateurs à développer des pratiques légitimes ou non; visant à être reconnu et visible algorithmiquement : les utilisateurs Instagram savent que si ils souhaitent qu’une de leurs images soit reconnue par l’algorithme comme ayant un potentiel viral, il faut qu’elle obtienne un nombre de likes et de repartage importants dès les premières minutes après l’avoir posté. (p.113)

Un écosystème informationnel dangereusement pollué et qui nous divise au lieu de nous connecter

Les plateformes digitales et les réseaux sociaux en particulier jouent un rôle centrale dans la dissémination et l’amplification des voix politiques. En parallèle, les réseaux sociaux représentent des environnements ou la désinformation et la haine ont proliféré ces dernières années. La vision idéaliste de notre société digitale a été rapidement remplacée par un écosystème informationnel dangereusement pollué et qui nous divise au lieu de nous connecter. (p.134)

La propagande à l' ère des algorithmes et de l'automatisation

Le monopole de la désinformation et de la manipulation n’est plus la prérogative de quelques organisations et États puissants. La propagande qui s’appuie sur la puissance des algorithmes et qui utilise des environnements médiatiques hybrides pour disséminer des informations erronées se nomme la propagande informatique (computational propaganda). Ce concept s’intéresse à l’utilisation d’algorithmes, d’automatisation et de curation de contenu par l’utilisateur pour distribuer de manière intentionnelle des informations trompeuses à travers les réseaux sociaux. (p.135)

Fabriquer du consentement et une illusion de popularité via la viralité algorithmique

La fabrication du consentement fait maintenant partie intégrante des pratiques digitales institutionnelles de nombreux pays aussi divers politiquement que les USA, le Mexique, le Kenya et l’Argentine. L’objectif est de s’appuyer sur les automatisations pour booster artificiellement la visibilité et  l’image de popularité de certains candidats politiques (voir le concept popular with robots). La popularité perçue de ces candidats peut générer un effet de mode (bandwagon effect) qui motive d’autres personnes à les suivre et les liker sur les réseaux sociaux, augmentant ainsi leur viralité algorithmique et une illusion de popularité. (p.143)

Activisme algorithmique et hack de hashtag twitter

D’autres techniques de perturbations algorithmiques sont détaillées dans l’ouvrage. Parmi les plus significatives ou originales, on pourra noter l’activisme algorithmique anti-populiste, ou un militant poste un commentaire directement sur la publication originale d’un opposant politique contenant un lien vers un post antagoniste . Il va ensuite en assurer la visibilité grâce aux autres militants qui vont massivement liker son commentaire. Celui apparaissant alors juste sous le post de l’opposant politique. (p. 146). Ou encore le hack d’un hashtag Twitter. Des comptes utilisent des robots pour poster du contenu non pertinent, des images violentes, des photos pornographiques en utilisant le hashtag ciblé. Les outils de modérations des plateformes finissent par bannir le hashtag qui était initialement légitime. (p.151) . Enfin, comment ne pas conclure avec cet artiste Allemand Simon Weckert qui empruntant et louant 99 smartphones a réussi sans grande difficulté à créer l’illusion d’un bouchon monstrueux sur Google Maps. (p.162)

Caractéristique de l'ouvrage Algorithmes de la résistance

Titre : Algorithms of Resistance
Auteur :  Tiziano Bonini and Emiliano Treré
Éditeur : The MIT Press
Pages : 256
Année : 2024
ISBN : 9780262547420

 

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